Le droit de ne pas tuer
Le respect de la vie, sous toutes ses formes, constitue la base philosophique du végétarisme : il s’agit d’éviter toute violence à l’égard des êtres vivants, qu’ils soient du genre humain ou animal. Le végétarisme constitue ainsi la mise en œuvre d’un droit fondamental : le droit de ne pas tuer.
L’un des principaux commandements bibliques n’est-il pas : « tu ne tueras point » ? Les éminences grises de l’Eglise catholique ont détourné ce commandement divin en l’appliquant aux seuls êtres humains pour légitimer leur carnivorisme .
Dans le présent numéro, notre article consacré à l’évangile essénien souligne que Jésus lui-même lui donne une interprétation beaucoup plus large et sans équivoque : « Un autre dit encore : Moïse (...) permit à nos pères de manger de la viande des animaux purs et il interdit seulement la viande des animaux impurs. Pourquoi donc, nous interdis-tu l’usage de la chair de toutes les bêtes ?
Jésus répondit : (...) Dieu a donné ce commandement à vos pères : « Tu ne tueras point », Cependant leur cœur était endurci et ils tuèrent. Alors pour qu’ils ne tuent au moins pas les hommes, Moîse leur permit de mettre à mort des animaux. Mais le cœur de vos pères s’endurcit encore plus et ils tuèrent indifféremment hommes et bêtes. Quant à moi, je vous dis : " Ne tuez ni homme, ni bêtes"
Le végétarisme est bien plus qu’un régime alimentaire parmi d’autres. C’est une philosophie de vie à part entière dont le respect et la non-violence sont les bases.
Ce droit de ne pas tuer peut s’exprimer, outre la non consommation de viande, de différents manières :
-dans le refus de porter les armes (objection de conscience) ou d’en faire commerce
-dans le refus d’acheter ou d’utiliser des produits testés sur les animaux.
-dans le refus d’activités de loisirs inutilement cruelles : chasse, pêche, corrida,...
-dans la consommation de produits bio (refus des pesticides et insecticides qui tuent indistinctement bons et mauvais insectes ainsi que les oiseaux qui s’en nourrissent, et in fine, l’homme lui-même)
-dans le placement d’argent auprès d’une banque éthique
Mais la société actuelle respecte-t-elle ce droit légitime ?
- en Suisse, pays « civilisé » l’objection de conscience est un délit passible de peines de prison ; en Belgique, le service civil était jusqu’il y a peu pénalisé (durée double de celle du service militaire)
- - combien de produits médicamenteux, cosmétiques ou autres produits chimiques mentionnent –ils les tests cruels sur les animaux dont ils ont fait l’objet ?
- combien de banques investissent-elles notre argent dans la vente d’armes ou autres activités à éthique douteuse ?
Les pressions sociales, la force de l’habitude et la peur de se démarquer de l’écrasante majorité carnivore constituent souvent les obstacles les plus difficiles à franchir pour le candidat végétarien. On mange de la viande pour faire comme les autres ou parce qu’on a toujours fait comme ça...Marcher hors des sentiers battus de la « boucherie ordinaire », n’est ce pas faire preuve de cette ouverture d’esprit et de cette compassion qui font la grandeur d’âme ?
Les végétaliens vont encore plus loin dans le raisonnement en refusant toute exploitation de l’animal : domestique, élévage,...dont les effets pervers sont bien connus : privation de liberté, abandons, mauvais traitements, abattage des animaux « improductifs » ou trop âgés, impact écologique très lourd... Le droit de ne pas tuer se complète alors du « droit de laisser vivre » : laisser vivre en liberté toute créature vivante. Après la vie, la liberté n’est-elle pas le bien le plus précieux de tout être sur cette terre ?
Marcel Frerotte, végétarien
Source : Revue végétarienne belge francophone n°51