En Afrique, on ne montre pas le cadavre à l'enfant

Publié le par pierre eric

Notre Rédaction est allée à la rencontre de Prisca. C'est dans son domicile privé qu'elle nous a accordé cette interview avec sa gentillesse extraordinaire.

Végétarisme Gabon : vous êtes Présidente de l’Association Végétarienne Gabonaise, qu’est-ce qui vous a motivée pour créer cette structure ?

Prisca Cléante Mackossi : c’est la volonté de vulgariser le végétarisme et d’apporter ma modeste contribution pour réduire la souffrance du peuple, des animaux et de notre planète. En Afrique, souvent le premier obstacle au bonheur, c’est le manque d’informations. On agit comme les autres sans esprit critique et souvent sans discernement. Aujourd’hui, il faut dire la vérité à la population. La viande n’est pas une meilleure nourriture pour l’homme pour plusieurs raisons. Nous sommes un peuple de forêts. Les vieux disent que lorsqu’on se perd en brousse, on observe les animaux et on mange leur nourriture. Les primates sont essentiellement végétariens. Ils sont très proches de nous. Le commerce de la viande rapporte de l’argent sans aucun souci pour l’avenir de l’homme. J’ai envie de vous dire que la viande est un poison lent et j’assume cette déclaration.

 

V.G. : quelles sont les actions que vous menez en tant qu'association pour faire connaître votre éthique alimentaire ?

P.C.M. : nous organisons des repas végétariens, faisons des excursions en forêt, organisons des exposés-débats sur des thèmes en rapport avec le végétarisme ou la santé naturelle. Nous menons aussi des actions de sensibilisation sur le terrain et à la radio.

 

V.G. : pensez vous que le végétarisme soit adapté en milieu africain ?

P.C.M. : absolument, l’Afrique est un peuple de forêts et la nature est pleine de ressources pour nous offrir une alimentation variée et équilibrée. Les africains ont un grand respect pour la nature et pour la vie. Malheureusement, les habitudes alimentaires occidentales sont en train d’investir notre continent et, les conséquences sont catastrophiques. Nos parents, proches de la nature, vivaient plus longtemps, aujourd’hui l’espérance de vie est très courte. La viande coûte cher et ses conséquences sur la santé sont graves.

Beaucoup de familles dépendent du salaire d’une seule personne. Les médicaments coûtent aussi trop cher. C’est très éprouvant quand on est malade en Afrique. Le végétarisme peut aider le peuple africain en matière de santé publique, car les légumes et les fruits sont une grande source saine de vitalité et de santé. Les animaux ont le droit à la vie et, chez nous, ont leur place à côté de l’homme. Ce sont les complications de la vie moderne qui participent à développer l’activité de la chasse, mais nos ancêtres n’avaient pas la culture de la violence. Le respect de la vie fait partie de nos mœurs. La télévision n’a pas que des avantages. Elle nous montre les films de guerre, des massacres, la violence. Tout cela conduit à long terme à banaliser la vie et croire qu’on peut jouer avec le destin des autres. Un enfant qui est habitué à voir la mort à la télé est un enfant qui peut un jour jouer avec l’arme et la vie de ses frères. En Afrique, on ne montre pas le cadre aux enfants.

 

V.G. : y a -t-il d’autres associations végétariennes en Afrique francophone ?

P.C.M. : la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Benin sont avancés dans le mouvement associatif végétarien. Nous travaillons en collaboration et cherchons à renforcer davantage nos liens pour une meilleure circulation d’informations et d’expériences.

 

V.G. : avez-vous des liens avec d’autres associations végétariennes hors Afrique ?

P.C.M. : nous sommes partenaires avec l’association végétarienne belge francophone. Il y a entre nous un échange permanent d’informations.  Nos amis végétariens belges nous ont beaucoup aidés dans la mise en place de notre association. Au début, on ne savait pas comment s’y prendre. Nous avons bénéficié de leur expérience. C’est l’occasion de dire un grand merci à Michel Grand’ Henry, ce grand ami de l’Afrique végétarienne, à Jacqueline Leyman, à Marcel Frérotte et à Willy Leblanc. Depuis quelques mois, nous échangeons avec d’autres amis végétariens de l’Europe notamment la France.

 

V.G. : les difficultés ?

P.C.M. : il y en a mais, nous préférons parler du positif, de nos rêves et de nos espoirs.

 

V.G. : comment faire pour devenir membre de votre association ?

P.C.M. : s’inscrire et participer à nos activités. Pour l’instant les inscriptions sont gratuites et aucune cotisation n’est obligatoire. Mais cela va changer parce si nous voulons aller plus loin, il nous faudra des moyens de nous assumer. Le végétarisme, malheureusement, n’obtient pas de subvention.

 

V.G. : un mot de la fin.

P.C.M. : vivons et laissons vivre

Publié dans L' interview

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J
Quel courage, Priska, tenez bon, on arrive !
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Z
passionnant cet article; et très interessant ce qu'il dit sur; regardez les animaux dans la nature et mangez comme eux...erffectivement, on ressemble aux singes, et si on les observe, on voit bien qu'ils ne mangent pas la viande!
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